Le Père des Récits (FIN)
Une intuition commençait à prendre forme en mon esprit. En moi s’imposait l’image d’une plage sur laquelle déferlent des vagues. Je voyais la houle s’avancer depuis le large, ample, presque inquiétante, chargée, prête à enfanter ses rouleaux. Ceux ci naissaient sans que l’on puisse savoir à quel instant précis le dos voûté de la houle s’était relevé en cette crête avide qui toujours s’approchait. Puis elle même venait soudain mourir pour se répandre en un filet d’eau mince et rapide qui lui même finissait par mourir sur le sable. Cette cascade de transformation, c’était l’image mentale de cette autre cascade, celle du monde qui s’exprime dans le souffle du vent, dont la voix est révélée par ces murs vibrants, voix qui s’insinue en l’homme et que l’esprit transmue...N’étais-ce pas là l’origine de toute parole ? De tous les récits ? Oui...le Père des Récits entrevu par Calvino existait bel et bien. Il était là...tout près de moi. Invisible. Il respirait...
(Fin)