Le Père des Récits (III/IV)
Je m’approchais d’une fenêtre. Le vent tantôt battait les murs extérieurs et tantôt s’écoulait en un long souffle régulier. Comme la fumée des cigarettes qui de brefs instants s’élève en un long filet blanc, régulier, presque voluptueux et qui soudain se brise capricieusement en mille tourbillons. Les façades extérieures étaient semées de fines plaques métalliques dont l’utilité me demeurait mystérieuse. Lorsqu’il soufflait suffisamment régulièrement le vent voyait séparées ses lignes fluides par les plaques en deux courants parallèles. Et chaque plaque alors se mettait soudain à vibrer comme agitée par mille mains invisibles. De là sourdait la rumeur. Comme si le corps du bâtiment révélait par bribes le murmure du monde.
Je restais fasciné par ce spectacle. Par le son puissant qui se répandait alentour, rampant, semblant prendre possession de chaque espace, comme les mains d’un l’amant qui glissent sur le corps de l’aimée.