Pas dormir
3h30. La rue est silencieuse. Pas une voiture. Seul le ronronnement continu des lampadaires habille le silence. Je n'ai pas envie de monter chez moi. Je reste là, sur un coin d'herbe déjà déssèchée, adossé. L'air a la fraicheur de la nuit. La lune est pleine. On se regarde. Une fenêtre est ouverte tout près. Quelqu'un se retourne dans son lit, dans cette pièce là. Puis je crois deviner des voix. Je marche alors, jusqu'à l'autre bout. De quoi au juste? De cette vacuité dans le temps? De la rue? De ma fatigue? De mon envie?
Je suis étonné de voir comme les gens ne dorment pas. Dans trois ou quatre maisons un téléviseur lance ses illusions colorées sur les carreaux des fenêtres. Derrière des vollets, une lumière allumée et un bruit de couteau à viande, électrique. Je me demance ce que c'est. Ou peut-être pas vraiment. Plus loin, un chien noir passe sa tête fine par la fenêtre grande ouverte d'un premier étage et me regarde. Des voix encore, plus loin. Quelqu'un tousse dans son sommeil.
Quand je me déciderai à rentrer, je vais trouver de la lumière dans la petite cour. Un homme que j'ai déjà croisé est là, dans l'air jauni d'une porte ouverte, qui essaie d'amadouer un chat angora. Le chat me regarde passer. Son pelage est un peu gris, avec quelque chose d'un jaune très pâle. Peut-être est-ce la lumière?
Je ferme derrière moi la porte du monde. L'escalier craque. Je ne veux pas dormir. Je ne veux rien.
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