Une haleine de folie
Il est des moments o`u j'ai le sentiment d'être le corps rivé à la membrane de la raison. Je la sens, souple, trensparente, poreuse. Il suffirait presque - peut-être? - de contorsionner un peu son esprit pour se retrouver de l'autre côté.
Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté?
Est-ce qu'on peut en revenir?
Parfois au coin d'un instant j'entrevois un passage dans la folie, dans une fulgurance. Un moment de tension un peu trop forte mais que personne autre que soi n'a pu percevoir. Parce que c'est un moment silencieux. Parce que je ne devine qu'une folie presque raisonnée. Et que la raison est froide, parfois d'un calme effroyable, inhumain. Puis s'enfermer ensuite dans le regard et l'incompréhension autour de soi. Le non dit est un mur solide. J'ai parfois l'impression qu'après un acte qui dépasse l'ordinaire et la raison, si on se laisse prendre au silence, à ne pas jeter un pont vers le monde par le biais de la parole, ce silence referme sur nous une porte.
Parfois je rêve d'un silence ultime.
Les mots sont vanité.
Je repense au mot "fermeture".
Scène marquante du film "Printemps, été, automne, hiver, et printemps."