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Argile Rouge
3 avril 2006

Quand je feuillette mes livres...

J'ouvre le terrible journal de Charles Juliet. Tome I: "Ténèbres en terre froide".
Je me souviens comme je ne cessais de noter des numéros de page à l'arrière du livre, juste avant la couverture, tant j'y ai trouvé d'echos...

La quatrième de couverture dit:
"
Au tréfond de l'être, une plaie suinte, que maintiennent à vif maintes de ces questions auxquelles il n'est jamais facile de fournir une réponse: vivre, le faut-il? Et ce mot, vivre, comment le comprendre? Quelles signifiacations lui attribuer? Et que doit-on faire de sa vie? Quel sens lui donner - ou en recevoir? Et s'il semble indispensable de se connaitre, cet être que je suis, quel est-il? Dois-je le subir dans tout ce qu'il est? Ou bien puis-je le transformer? Mais alors dans quel but, quelle intention? Vais-je savoir brûler ce qui m'encombre, désenfouir mon noyau, ne garder en moi que ce qui procède de l'élémentaire, l'originel? Et cet autrui dont je viens de vérifier à quel point il est mon semblable, vais-je savoir le rejoindre? Et si je cède à ce désir de me connaitre, comment dissoudre l'angoisse qu'il suscite? Comment vaincre la peur de la vie? La peur de la mort?...
"

***

Extraits.

17 janvier
Tout s'oublie, le temps efface tout. A quoi sert de connaître plaisirs et souffrances?

30 janvier
Ce mélange en moi de réserve et d'avidité, de passion et de détachement.

13 février
La parole insulte au silence. L'écriture y achemine.

18 février
On ne peut vivre que dans la mesure où l'on sait se faire des illusions, s'inventer des buts et des justifications, assigner à l'existence des fins qui permettent d'échapper au vertige. Mais pour celui qui a perdu le pouvoir de se mentir, tout est néant.

20 février
Je vis toujours comme en avant de moi-même. Quand je touche au but, je l'ai déjà dépassé. Toujours insatisfait, tendu, mécontent, amer.

28 avril
Un jour de cet hiver je suis resté deux ou trois heures immobile sur un trottoir, sous la pluie, en attente de rien, incapable de me décider à faire quoi que ce soit, englué par la nausée.

2 mai
Comment peut-on vouloir faire quelque chose de sa vie, quand on sait qu'au bout il y a la mort?

Vouloir et subir devraient être indissiciables.

12 mai
Détruire en soi toute morale, toute croyance, toute idéologie, tout point de vue particulier. Non par anarchie, ou par égocentrisme -pour jouir du "Tout est permis"- mais pour pouvoir épouser le mouvement profond de la vie, se confondre avec elle.

20 janvier
Tu ne crois en rien, tout t'est indifférent, mais l'ennui, c'est que tu as encore une sensibilité.

19 septembre
Manque de ressort. Tout ce qui passionne autrui me laisse indifférent. Aussi je reste seul, vide, inactif.

9 octobre
Parce que je désire trop, je ne peux rien. Mon impossibilité de travailler vient de mon impatience et de mon avidité.

5 novembre
Je traine dans une rue et soudain je m'arrête, voudrais mourir, n'ai pas la force d'aller plus loin.

8 novembre
Avant même que je me mette à écrire, mon imagination a tout dévoré, tout consumé. Ce que je voulais mettre à jour meurt avant de naître.

16 janvier
Refus de voir se perdre de la vie, de voir une part de mon existence devenir du passé, de la mort. Je ne puis jamais rompre avec un être auquel je suis lié.

2 mars
Ne jamais pouvoir se quitter. Quel enfer que d'être prisonnier de soi toute une vie.

6 mars.
Prends garde à ceci: plus tu attendras, plus ce sera difficile.

***

Je m'arrête là parce que je vais recopier tout le livre...

Grande émotion à retrouver ces mots et à les écrire ici.

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Commentaires
A
Nessy<br /> Merci pour ces mots. Peut-être en ira-t-il de même pour moi, je ne sais. Mais je veux croire à son possible, ne serait-ce qu'en tant qu'illusion vitale.<br /> Pour le moment en tout cas...
N
Un but, une belle arrivée ! <br /> Ce n'est plus la mienne. D'avoir en vain cherché à tenter de tendre vers elle, j’ai compris que ma sensibilité de me permettrai pas de l’atteindre. Comment vivre alors ? Transformer, user de cette puissance de chagrin et de colère qui pouvait être négative et trouver comment la pousser vers plus d’empathie, plus de compassion, plus d’amour. Mon amour est un combat, il n’est pas serein, il est une force de création, comme la vie le réclame en vérité.
A
Quel épanouissement ce doit être... la séreinité.
K
J'y retrouve les deux tiers des pensées et questionnements que je couchais dans mon journal intime entre 20 et 28 ans.<br /> Quand on a cessé de se perdre ainsi, quand on est fatigué de ne savoir quel chemin prendre, un beau jour, on choisit de s'aimer soi-même un peu et de jouir de la vie. C'est un choix qui s'impose de lui-même, naturellement, et qui console de bien des souffrances. Mais, il faut passer par les méandres de ce labyrinthe avant d'accéder à cet équilibre. Moi je n'y suis arrivée qu'il y a un an. Et je n'y croyais pas. Mais cela est arrivé. Et, aujourd'hui j'erre avec moins de douleur et plus d'étonnement. mon cœur est serein alors qu'avant il n'était qu'angoisse. Une sorte de renaissance, quoi…<br /> <br /> Biz
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