Pluie
Avant hier soir, j'étais au cinéma, voir "Memento Mori". J'aime l'esthétique des images propre à certains films asiatiques. Là, j'y ai parfois retrouvé de la beauté de celles vues dans "In the Mood for Love". Un régal.
J'étais au sortir du film encore tout imprègné d'imaginaire et des images aux couleurs et au formes si nettes. Je suis sorti et c'était la nuit, délicieusement calme. La pluie tombait sans violence mais rappelait sa présence partout, du toit de mon parapluie à la rue pavée et ruisselante, aux lourdes gouttes tombant des hauteurs des toits, parfois sur des sacs poubelles le long d'une vitrine de commerce, et alors dans un bruit mat et bruyant.
Elle est magnifique, la nuit pluvieuse dans une rue étroite et déserte, pavée et piétonne, bordée de hauts murs et parsemmée de néons multicolores. Les lumières se déversent dans les flaques et c'est mille reflets qui nous appelent. Les gouttes de pluie criblent le sol et les flaques de petits ronds qui disparaissent instantanément, la goutte disloquée. Parfois, à hauteur d'un grille d'égout, on croirait arriver au bord d'un torrent. Je ferme les yeux, je suis là, heureux d'être là et je me plais à rêver que là est aussi habité d'ailleurs, de sons qui voyagent, de mon imaginaire.
Je me sens bien dans la quiétude de la pluie fine, dans le regard obscur et doucement bleuté de la nuit, dans ces clapottis inombrables, dans ces lumières aux couleurs de bonbons, dans l'echo d'un pas qui se presse un peu plus loin.
Dans cet instant là.
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