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Argile Rouge
22 février 2006

Les amants réguliers

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J'en suis sorti il y a quelques heures...après quelques heures aussi (le film dure 2h58).

C'est le genre de films que j'aime. Un film qui touche en profondeur. Un film plein de simplicité et infiniment proche de l'humain, infiniment tendre dans le regard qu'il porte sur lui. Je trouve. C'est le genre de film dont on sort sans plus trop vouloir parler. Pour rester avec lui en soi encore un peu, comme un rêve en déclinaisons de gris à qui l'on caresserait doucement les cheveux. Et c'est aussi une histoire d'amour. Mais je le redis encore tant je l'éprouve, c'est aussi et déjà un regard d'amour sur tous ces personnages.

J'aime le dépouillé du noir et blanc. C'est sans fard. J'ai tout de suite bien plus envie de le prendre au sérieux. Bien plus envie de l'accueillir aveuglément. Et jusqu'au format de l'image, presque carrée, étroite, chaleureuse, intime...j'ai aimé ce film.

J'apprécie aussi beaucoup le temps laissé souvent au silence, entièrement donné à une image, à un regard, à une scène. Cela permet de faire passer quelque chose qui à mon avis ne pourrait pas passer autrement.

Je me sens très proche de ce regard sur le monde - enfin, tel que je le lis. J'apprends avec le temps à trouver un sens et un intérêt voire une nécessité à une forme de violence, de brutalité, de décharge de l'énergie, mais cela ne m'est pas naturel. Cela me fait perdre mes moyens. Naturellement, j'aspire à une sorte d'infinie compréhension entre les êtres, nécessairement empreinte d'une certaine mélancolie face à la réalité parfois si dure. C'est ce que je vois dans ce film, dans le regard que pose la caméra sur les personnages. Il n'y a pas de cri de haine dans ce film. Il n'y a que des êtres qui se cherchent, cherchent leur place, sont à leur place, font ce qu'ils doivent faire. Il n'y a pas de rancoeur. D'ailleurs, le film est partagé en sortes de périodes par des images présentant un titre noir sur fond blanc, et l'un de ces titres parle d' "inamertume".

J'ai été très touché par ces mots d'un des personnages, qui sont à peu près: "la part de solitude en chaque homme est immense".
Qu'elle me semble vraie et donner une explication simple à tellement d'agissements. Notre besoin de reconnaissance. Notre presque impossibilité parfois à s'extraire de l'amour que quelqu'un peut venir poser à nos pieds.
dagerman_stig_2
Cette part de solitude ne nous quitte jamais. Elle trouve toujours à se faire rappeler à soi. Elle est une béance. Une présence si vertigineuse parfois qu'elle conduit à la fin, au suicide. Et comment ne pas penser aussi aux quelques pages que nous a laissé Stig Dagerman (c'est lui en photo à droite) juste avant de se donner la mort, ce testament intitulé  "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier".

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Commentaires
A
Merci pour tous ces retours sur mes mots, Thanna. <br /> <br /> Tout ou partie du texte, mais tout je crois, est accessible sur un site, j'ai trouvé cela par hasard:<br /> http://perso.wanadoo.fr/chabrieres/texts/consolation.html<br /> <br /> Ce n'est certes pas la même chose que de sentir les pages sous ses doigts, mais bon, au cas où le besoin de retrouver ces mots te soit trop impérieux...
T
Si tu pouvais voir, palper ma détresse...de ne pas trouver, retrouver ce livre, chez moi ! Je vois sa couverture grise, rugueuse, ce petit livre si mince et tellement grand !<br /> Me voici, impossible à consoler...<br /> "Mon besoin de consoler et d'être consolée est infini..." dans paroles de Thanna<br /> Je devrais t'en vouloir de me mettre dans cet état de si bon matin...mais non, car j'ai plein de choses à lire, à découvrir à travers ton regard, ta sensibilité...je ne suis qu'au 22 février...
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