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Argile Rouge
27 janvier 2006

Enthousiasme

Je suis un enthousiaste. Terriblement enthousiaste. J'ai même envie de dire: monstrueusement enthousiaste.

Mon enthousiasme est déraisonnable, disproportionné, et en cela monstrueux. Pourtant il me dépasse. Il me déborde. Il est ma première émotion lorsque je rencontre le beau. Je ne parle pas d'esthétique, mais de la beauté de l'Etre. Par mon enthousiasme je salue je crois l'existence de choses, d'êtres, que je rencontre. Je fête le plaisir de savoir qu'elles sont au monde.
Quoi de mal à cela?
Le mal vient de ce que cet enthousiasme est aussi spontané que fragile. Qu'involontairement faux. Alors je suis facilement déçu. La réalité n'est pas à la hauteur de ce que mon esprit avait immaginé. Car mon enthousiasme ne fête pas la réalité mais l'image que j'aie en moi de la réalité. Et quelque part au cours de cet imprégnation de mon être par ce qui l'enthousiasme, des formes et des couleurs sont faussées, embellies, rêvées. Mon esprit s'enflamme de mirages. Et lorsqu'il s'en rend compte, la déception est à la hauteur du malaise que j'éprouve...
Parce qu'alors il est terriblement blessant ce vide qui reste et que je renvoie à l'autre. L'autre qui ne peut comprendre. L'autre qui n'y est pour rien. Que je blesse. J'ai vécu plusieurs fois cet hiver qui s'installe soudain en moi. La réalité de l'autre qui soudain me laisse de glace. Je trouve cela humiliant. Blessant. Presque méchant.
Alors je n'ai plus confiance en moi. Je me méfie de moi. J'essaie de taire cet enthousiasme. De lui tordre le coup tant que je n'ai pas éprouvé la réalité de ce que je perçois. Je suis obligé d'en perdre ma spontaneité. Pour ne pas blesser l'autre ni me blesser par un soudain retrait.

Je veux aimer le réel, et non pas les fruits de mon immagination. Je voudrais parvenir à aimer les choses à la juste hauteur de mon ressenti. Mais d'un ressenti éprouvé. Mon enthousiasme m'apparait comme un papillon qui cherche désespérément à se poser sur une fleur. Il ne se pose pas tant pour la fleur que parce qu'il voudrait en trouver une.

J'ai peur de ne pas savoir aimer. Seulement d'aimer aimer.

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Commentaires
K
Un jour, il y a des années, je me suis demandé ceci, un peu désespérée, très déçue pas la vie réelle :<br /> "Quel génie faut-il être pour parvenir à hisser la réalité quotidienne à la hauteur de ses rêves ?"<br /> <br /> Si tu as une imagination débordante et un enthousiasme infini pour la vie, il ne tient qu'à toi d'injecter dans le réel la magie que tu en attends. Tout viendras de toi.<br /> <br /> Ne réprime pas cet enthousiasme, ne deviens pas blasé, car il est précieux. A toi de l'utiliser comme une sorte de pouvoir pour percevoir le réel comme tu as envie de le percevoir.<br /> <br /> Autrement dit : sois créatif. Ne t'en empêche surtout pas!!
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